Une petite visite au chantier des Rives de l'Orne.
J'ai profité du "mois de l'architecture" pour aller visiter le chantier des Rives de l'Orne, opération immobilière d'envergure comme on peut le voir sur le fascicule qui regroupe à la fois des logements, des bureaux et un centre commercial.
Quel rapport avec notre sujet ? Tout d'abord, cette opération située sur la rive droite juste derrière la gare SNCF et non loin de la Presqu'île se trouve dans notre périmètre d'étude; mais surtout elle se proclame "l'opération phare du projet urbain de la presqu'île portuaire" (dixit le site officiel des Rives de l'Orne). A partir de là, comment résister ?
La visite est menée par la représentante du promoteur Safaur qui a supervisé le chantier en compagnie de M. Lecoutour, maire adjoint chargé de l'urbanisme à la ville de Caen ainsi que de l'architecte et des gérants du futur centre commercial.
Après un échange de congratulations mutuelles et une rapide présentation du projet, M.Lecoutour prend la parole au nom de la Ville pour mettre en avant les objectifs urbanistiques et économiques poursuivis. A mon grand étonnement, il n'évoque à aucun moment l'ambition métropolitaine de Caen (peut-être parce que l'auditoire est composé de caennais curieux de voir l'avancement de ce chantier d'envergure et non essentiellement de professionnels) alors que tous les documents de planification et les prises de positions politiques en font l'objectif premier de l'opération de renouvellement urbain de la presqu'île et plus généralement du centre-ville. Qui plus est, le fait que viennent s'installer dans les bureaux nouvellement construit à la fois les services du Conseil général ainsi que de ceux de la Communauté d'Agglomération Caen-la-Mer qui y ont été réunis semble bien signifier la volonté de créer un centre de commandement, au moins public, susceptible de renforcer le processus de métropolisation de Caen.
Au final, ce fut peut-être habile car si l'ambition des dirigeants caennais est d'attirer de nouvelles populations et d'augmenter le rayonnement et l'ouverture de leur ville, les habitants ne semblent pas être sur la même longueur d'onde puisque ceux qui étaient présents lors de la visite ont clairement exprimé leur crainte de voir arriver "des parisiens" attirés par ces nouvelles opérations et la possible arrivée du TGV...
M. Lecoutour a cependant cependant affirmé l'ambition d'élargissement du centre-ville que traduit la construction de ce complexe ainsi que la volonté, également affichée par les gérants du centre commercial, de ne pas nuire au dynamisme de l'hypercentre; inquiétude exprimée par les habitants présents lors de la visite. La justification avancée par l'adjoint au maire de la construction de ce centre commercial en centre-ville est la nécessité de résister face à la concurrence des centre commerciaux situés en périphérie. On peut cependant constater que les enseignes appelées à s'y installer sont pour beaucoup des enseignes déjà présentes en centre-ville (exemple Monoprix, Sephora ou encore H&M) et on est en droit de se demander si ce "dédoublement" permettra de réaliser une couture réelle entre les deux rives comme le croit M.Lecoutour.
Sinon, aucune allusion au projet de rénovation urbaine de la Presqu'île alors pourtant que les deux projets sont censées avoir été pensées comme un ensemble et encore moins de la part du promoteur de qui l'aménagement de la ville n'est pas le souci mais qui s'est félicité de la réussite de son opération puisque quasiment tous les logements ont trouvé preneur ainsi que la quasi totalité des 15 000 m² de surface commerciale.